Des relations existaient déjà
au XVII ème siècle entre le diocèse de Chartres et
le Canada. Mgr de Laval, premier évêque de la Nouvelle France,
en 1675, en était originaire.
Par ailleurs, des missionnaires
avaient enseigné Notre Dame de Chartres aux populations indiennes,
tel le R.P. jésuite Martin Bouvart, de Chartres, qui évangélisa
les Hurons, à la Mission de Lorette. Il fit envoyer au Chapitre
de Chartres, le 3 mars 1678, une ceinture faite de coquillages, noirs
et blancs, reproduisant l'inscription "Virgini pariturae Votum Huronum".
Il y joignit une lettre en Huron et sa traduction française. En
retour le Chapitre, offrit une "chemise" en argent, dont une partie ouvrante
fut garnie de reliques. Une autre tribu indienne, occupant un
vaste territoire sur la rive sud du Saint-Laurent, ayant eu vent de l'offrande
des Hurons, ne voulut pas être en reste.
Les Abénaquis également
instruits dans la foi catholique par les Jésuites, offrirent une
riche ceinture faite de 11.000 grains, de porcelaine, blancs
et violets (1 pour chaque habitant de la nation Abénaquis). On peut
encore y lire: "Matri Virgini Abnaquei DD". Le présent arriva
accompagné d'une lettre le 27 janvier 1670. Les chanoines firent
don en retour d'une statuette en argent de la Vierge et de l'Enfant-Jésus,
montée sur un siège d'ébène, à l'identique
de N.-D. de Sous Terre. Cette statue fut longtemps vénérée
dans la Mission Saint-François de Sales. Des relations épistolaires
continuèrent jusqu'en 1749.
Les
érudits du XIX ème siècle qui ont exhumé à
Chartres, cette édifiante histoire, solidement étayée
par les archives locales, n'ont pas manqué d'établir un parallèle
entre la perte de l'image originale de la Vierge, victime du vandalisme
révolutionnaire et la disparition probable au Canada, des souvenirs
de l'alliance des peuples indiens avec Notre-Dame.
Ils n'avaient pas entièrement
raison car aujourd'hui encore, la paroisse de Lorette a conservé
son reliquaire. Les Abénaquis ont eu moins de chance. Une communauté
bien réduite, puisqu'elle ne compte que trois cents habitants, est
pourtant toujours présente en la paroisse Saint-François,
sur la rivière du même nom. Autour de l'église, d'une
école et d'un petit musée, les descendants de ce peuple qui
s'était voué à la Vierge de Chartres, en gardent
fidèlement la mémoire. Certes, la statue originale a été
perdue au cours des guerres inter-indiennes, mais il en a été
fait une réplique aujourd'hui installée en bonne place dans
l'église. Les guides ne manquent pas de raconter les circonstances
de l'ancien "jumelage" qui unit les deux communautés dans la même
foi.