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Notre-dame de la breche
 

Histoire d'un évènement Chartrain

La chapelle  de la Brèche et la rue du même nom rappellent une événement historique de la plus haute importance qui s'est produit pendant une des périodes les plus tristes de notre histoire.

Le 1er mars 1568, Louis de Bourbon Prince de Condé vint assiéger Chartres, pour  prendre la ville, la fortifier, et s'en servir disait-il:  "Comme d' une épine dans le pied des parisiens", il avait juré de désoler l'Eglise de Chartres et toutes ses reliques, et faire manger son cheval sur le grand autel

Il  établit son camp près de la porte Drouaise, les autres campements bien établis auprès des portes Guillaume, Morard et Saint-Michel. Son armée : neuf mille hommes, dont trois mille cavaliers, avec un armement impressionnant constitué de cinq grosses pièces d'artillerie et quatre autres de moindre tailles


Devant l'ampleur du déploiement des troupes protestantes, le Gouverneur Antoine de Linières organisa  la défense de la ville, prit des mesures de sauvegarde et en premier lieu fit mettre le feu aux maisons voisines des murailles de manière a priver l'assaillant  de points d'appuis  éventuels. Toujours dans le même esprit, il fit brûler et détruire le bourg de Mainvilliers ainsi que les couvents des Cordeliers et Saint Jean en Vallée (emplacement actuel du clos pichot), tout fut anéanti malgré les efforts des huguenots qui se sont évertuées à circonscrire l'incendie des maisons derrière lesquels ils comptaient  se retrancher.

Par ailleurs, les batteries situées devant la porte Drouaise avaient déjà tiré nombre décharges contre l'image de la Sainte Vierge au dessus de laquelle il y avait l'inscription "Car Nutum tutela", mais c'est après  diverses manœuvres  pour trouver les points faibles  de la place, que le 9 mars la ville de Chartres a été en grand danger, l'artillerie protestante ayant ouverte entre la porte Drouaise et la rivière une brèche  large de trente pas .

Antoine de Linières mobilisant tout son monde fit élever en arrière de cette brèche une impressionnante barricade que les chartrains étaient bien résolus à défendre. Impressionné par la détermination des défenseurs, l'ennemi ne tenta pas l'assaut.


Une trêve fut conclue le 13 mars, et le 15 mars les assaillants désappointés s'éloignèrent de Chartres en brûlant les églises des villages environnants, mais la ville était sauvée.

Les Chartrains ayant échappé au massacre et au pillage vouèrent une immense  reconnaissance  à Notre Dame " carnatum tutela " car elle avait été invoquée pendant le siège, période de peur et d'angoisse, et a fortiori, après l'observation de la statue de la vierge qui dominait l'entrée de la porte Drouaise qui était restée intacte, alors qu'elle avait été exposée aux nombreux  tirs dirigés contre elle par les protestants.

A ce propos, l'historien Chartrain Rouillard a écrit :


" Les huguenots se gobans de Marie pouvait autant en icelle ville que Diane en Esphèse, et prenants la dite image  pour objet de leur rage et fureur, tirèrent contre icelle tant de coups de canon et artillerie pour tout ce estoit à l'entour demeura fouddroié, jusqu'à quatre doigts près, selon que les vestiges y sont ores récents: néanmoins ils ne purent jamais atteindre la dite saincte image…"

Le 15 mars 1569 après que les échevins et  députés décidèrent  d'instituer une commémoration solennelle de la levée du siège. conformément au désir de la population, en organisant une procession générale réunissant le clergé  de la ville et les corps constitués .

Le 21 mars, toutes les paroisses de la ville se rendirent en procession d'action de grâce sur les lieux et par la suite on apposa une plaque commémorative sur le mur d'enceinte reconstitué. Le chanoine Sauquet de Saint André, prit l'initiative  de faire bâtir une chapelle à Notre Dame de la Brèche, en l'honneur de cet événement mémorable.

C'est en 1599 que les travaux de construction de la chapelle débutèrent à l'angle des rues de la Brèche et du pont du Massacre; les travaux  furent rapidement menés pour la livrer  au culte, et elle devint ainsi un rappel à la fois du siège de Chartres en 1568 et de la pacification du royaume sous le règne de Henry IV.

Fermée à la Révolution, elle fut rouverte et agrandie en 1843 par l'abbé Baret, le 15 mars, les chartrains se rendirent en pèlerinage à ce sanctuaire où sont conservés, la statue épargnée pendant les combats, des boulets de pierre et l'inscription du rempart.

 

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