Derrière la pierre battait
un coeur. De ses sommets ventés émanait un chant sourd et
mélodieux.
Les têtes vertigineuses dominaient
la Beauce.
Noir et majestueux, le vaisseau
gothique semblait sillonner ciel et temps,
traversant les siècles chartrains
avec la dignité d'un prince, indifférent à
l'agitation des vivants, défiant
le temporel et ses idoles, toisant définitivement l'Histoire et
les mortels.
Entre les arcades, des flammes. Dans
le vitrail, l'azur. Sous les voûtes millénaires, la lumière.
En passant du dehors au dedans, je
pénétrais dans une ombre qui n'était pas ombre, mais
feu, joie, vie.
J'oubliais la matière, et
ne voyais que l'essentiel.
La pierre était prière.
Le grain de poussière, l'Univers
entier.
Le silence, une porte d'entrée
sur le Mystère.
La rosace, l'oeil divin s'ouvrant
sur l'infini.
Et ce qui à cet instant précis
me donnait des ailes,
ce qui à travers un frisson
fulgurant dont je n'oublierai jamais l'exquise brûlure m'élevait
à
la hauteur des étoiles et
de la souffrance humaine, c'était l'Amour.
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