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TEMOIGNAGE D'UN CHEMINEMENT ESOTERIQUE

 

AU CŒUR DE LA CATHEDRALE

 par   

 René POLIN

 

 

PROLOGUE

 

 

"Au moyen âge, toute forme est le vêtement d'une pensée. On dirait que cette pensée travaille au-dedans de la matière et la façonne. La forme ne peut se séparer de l'idée qui la crée et qui l'anime!".[1]

 

Cette pensée d'Emile Malle dans son Art religieux du XIIIème siècle, nous pouvons l'appliquer à la pérégrination que l'on peut faire au sein de ce Livre de Pierre, de cette "Bible des Pauvres", de ce "Mutus Liber". Du sens de la visite dans les dédales de la cathédrale, effectuée un soir avec des amis alors que le monument était fermé au public, voici une interprétation symbolique vécue que je propose en partage. De ce symbolisme qui, depuis le XVIème siècle, de naturel et explicite est devenu obscur à nos esprits modernes, soi-disant pragmatiques et rationnels, et à qui, me semble-t-il, échappent les messages de ces géants[2] sur l'épaule desquels nous ne sommes guère que des nains, à l'instar des apôtres juchés sur l'épaule des prophètes dans les vitraux de la cathédrale.

 

Pour redevenir sensibles aux mouvements des Pierres et des Lumières, à l'âme diffuse de l'idée qui s'en dégage, suivons le chemin du pèlerin d'autrefois. Comme il est significatif aujourd'hui de voir condamnée la porte par laquelle on entrait dans l'église basse, jouxtant l'horloge marquant de ses poids le temps profane!

 

PREMIER VOYAGE

 

 

Il est huit heures: nous voilà dans ce que l'on appelle aujourd'hui "la crypte", vestige d'une construction antérieure et qui a servi à l'évêque Fulbert de substruction au côté nord de la grande cathédrale romane vers les années 1020.

 

Nous marchons de l'occident à l'orient. Il y fait sombre et froid. Et l'ensemble déjà vibre de silence... Ce sont probablement nos propres ténèbres qui apparaissent.

Des bribes de l'Evangile de Jean nous résonnent aux oreilles: "En lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes et la Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée". Ainsi nous déambulons sans hâte dans cette obscurité noirâtre à la recherche d'une harmonie ou d'un sens dans notre propre obscurité.

 

Jadis, les chambres souterraines des temples servaient de demeures aux statues d'Isis. Ici, notre chemin nous guide vers le sanctuaire de la Vierge noire et le puits des Saints Forts.

En son socle il y est inscrit: "Virgini parturae", celle qui doit enfanter, l'aspect féminin, l'arcane même de l'Amour divin, le parèdre de Dieu, "qui est Esprit". C'est la "materia prima" qu'il a engendrée, la matière vierge, la "Virgo materia" des hermétistes devenue "Virgo Maria".

 

La Vierge "qui est Esprit" est aussi appelée Racine (Salve, radix) pour marquer comme dans le Salve Regina qu'elle est le "principe et le commencement de tout": "Salut, racine par laquelle la Lumière a brillé sur le monde".

 

Venir à Chartres en pèlerin, c'est reconnaître en la Vierge le siège de la sagesse, le sujet de la science hermétique, de la sapientia universelle. Dispensatrice de la substance passive que l'Esprit solaire vient animer, Marie, vierge et mère, représente la forme de l'idée. Issue de l'arbre de Jessé, la vierge est de la race du salut et du feu, dès lors que nous savons que "Jes" en hébreu signifie "Feu".

 

L'aspect féminin du Christ vie serait ainsi Sophia (l'équivalent de Minerve Athéna). Le mot sophia contient PHOS (la lumière) et IOA désigne le Christ en tant que verbe.

 

C'est donc l'objet de notre pérégrination, celui d'entrer dans la connaissance de la sagesse et de la Lumière. Car la vierge signifierait que l'homme qui sera engendré deviendra, sous l'influence de l'Esprit, "le Christos", le "possesseur du secret".[3]

 

L'esprit du pèlerin qui rassemble des bribes de savoir épars, ne peut rester insensible au rapprochement avec l'aspect féminin de IOAN, successeur de Poséidon ou "Gé-Demeter", la "mère des Dieux" que les compagnons constructeurs auraient enfin appelée "Notre Dame".

 

Marie et Jean se retrouvent d'ailleurs encadrant le Seigneur dans le statuaire à l'extérieur. L'un et l'autre sont annonciateurs; l'une du Christ, l'autre de l'Apocalypse débouchant sur la reconstruction de la Jérusalem céleste, tous deux recommandant au pèlerin de renaître de l'Esprit: "Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'esprit est esprit. Ne vous étonnez pas de ce que je vous ai dit qu'il faut que vous naissiez de nouveau". (ioan, III, 6,7).

 

Mais l'image de l'immaculée conception nous avertit que pour renaître à nouveau, renouer avec l'Esprit, une purification est nécessaire pour "enfanter de soi-même, le nouvel homme", "le Christos"[4], cher à Saint Martin. Cette purification par l'eau est évoquée par le puits des Saints Forts où nos pas nous conduisent juste après avoir quitté la Vierge noire, là, en bas, dans la Crypte.

 

"Lorsque Jésus, amené par deux Esséniens, sortit de l'EAU, son corps semblait ruisseler de lumière...".[5]

 

C'est bien Jean dont la fête n'est pas en vérité celle du Feu mais bien celle de l'Eau ignée qui fait dire au Christ: "Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif et l'eau que je lui donnerai deviendra source intarissable". C'est donc à l'alchimie de l'eau et du feu donnant naissance à l'Esprit que nous nous prêtons en déambulant dans ces sombres couloirs ou, devrais-je dire dans la matrice sombre de la cathédrale. Après l'objet, c'est le sens de notre pérégrination qui vient d'apparaître, comme une mise en mouvement, une sorte d'inertie intérieure, comme guidée par un fil invisible.

 

Cette purification par l'eau, après comme une sorte de renaissance à laquelle nous invite le Puits des Saints Forts, rejoint le symbolisme de la source des puits du fleuve Emmosé, de la fontaine Emméa-Kroumos à Athènes, de la fontaine Kartalie à Delphes, de la source salée que Poséidon fit jaillir au pied de l'Acropole et que l'on appelle clepsydre (une deuxième horloge, au mouvement fluide celle-là); c'est l'eau du rocher d'Horeb frappé par Moïse, du cœur percé du Christ laissant couler le sang et l'eau. Tous ces symboles représentent de façon concordante la doctrine qui est une eau qui étanchera la soif de connaître pour celui qui s'en désaltérera.

 

Ainsi le pèlerin purifié par l'eau ignée renaît de l'Esprit. Voilà son chemin tracé, son âme ravivée n'a plus qu'à suivre le fil des couloirs courbés comme un électron lancé sur les circonvolutions qui lui sont désormais assignées...

 

Dans cette deuxième partie de la marche dans les profondeurs il progresse en sens inverse, de l'orient à l'occident, des premiers pas qu'il venait d'effectuer vers la Virgo Maria: il se retrouve alors dans un milieu clair-obscur, blanchâtre, un déambulatoire un peu blafard.

 

"Autour de lui et au-dessus[6], des piliers énormes massifs se dressent sur leurs puissantes bases. Formes rudes et frustres où rien ne cède à la solidité statique. Muscles épais, contractés sous l'effort, qui se partagent sans défaillance le poids formidable de l'édifice entier. Volonté nocturne, muette, rigide, tendue dans une résistance perpétuelle à l'écrasement. Forces matérielles que le constructeur a su ordonner et répartir, en donnant à tous ces membres l'archaïque aspect d'un troupeau de pachydermes fossiles, soudés les uns aux autres, arrondissant leurs dos osseux, creusant leurs ventres pétrifiés sous la poussée d'une charge excessive. Force réelle mais occulte", monde de la matière, "qui s'exerce dans le secret, se développe dans l'ombre et qui gît sans trêve dans la profondeur des substructions de l'Oeuvre...".

 

Telle est l'impression dominante qui vous assaille en même temps que votre esprit, témoin de notre double nature, comme par réminiscence d'une puissante psyché collective des luttes sans merci des Dieux et des Titans pour retrouver  l'âge d'or où les hommes vivaient à l'abri des souffrances, de la maladie et de la mort, où tout n'était qu'ordre, justice et félicité...

 

Ce long couloir pesant se termine par un petit escalier montant vers un peu plus de Lumière, une étoile peut-être, qui sait?

 

Ce brusque rétrécissement rappelle sans doute que la porte est étroite et que celui qui la franchit pour gravir les degrés meurt à la matière, en s'ouvrant à la Lumière de la connaissance en ayant effectué le parcours du dédale de son intérieur.

 

C'est ainsi que le fil invisible invite à se retrouver de l'autre côté des lourds portails du monde du savoir, représenté à l'extérieur par les statues de Platon, Pythagore, Socrate peut-être, pour entrer par l'intérieur dans celui de la connaissance, la sapientia annoncée, représentée par les rois mages du vitrail rougeoyant, n'apparaissant à la vue que de l'intérieur.

 

Juste derrière ces lourdes portes qu'il n'a pas franchies, le pèlerin se trouve sur une pierre rectangulaire, la Pierre du seuil, debout face à la nef, blanche de luminosité.

 

 

DEUXIEME VOYAGE

 

 

Il est neuf heures. Tout autour les pieds des pachydermes souterrains s'élancent vers la voûte, mouvement qui souligne des fines nervures rondes ou carrées... le cercle et le carré partout rappelés où que se porte le regard: la connaissance monte avec elles du fond de la Terre obscure et est devenue Pouvoir, pouvoir de maintenir ensemble les forces contraires, les forçant à l'équilibre dans un élan impétueux, rendant à l'homme sa juste dimension, celle pour qui la spiritualité offre de vivre humblement dans un Eternel présent, temps sans lequel la durée profane des événements historiques, la durée humaine n'auraient plus de sens.

 

De cette Pierre de seuil donc, le pèlerin a l'impression que sa présence a permis à l'immense édifice de se mettre en mouvement. Aucun vitrail n'est visible sur les côtés, sauf ceux de l'orient, là-bas, tout au fond, qui offrent aux yeux comme un lointain habit d'arlequin aux détails multicolores indiscernables et dont l'unité apparaît sous forme de mur de lumière allégeant le mouvement des Pierres, faisant oublier les forces pesantes qui les traversent.

 

Pierres, Lumières et nervures s'interpénètrent déjà dans un mouvement immobile d'élévation, invitant le pèlerin à reprendre son chemin circulaire pour un deuxième voyage de l'occident à l'orient et de l'orient à l'occident, invitant l'électron qu'il est devenu à participer aux mouvements mêmes imprégnés par les Pierres.

 

Au pèlerin s'offre alors une symphonie de Lumières. Le soleil couchant ce mois de juin vient littéralement embraser les vitraux qui jettent à l'intérieur de la nef mille combinaisons de couleurs diverses. Des vitraux que l'on croyait connaître se parent d'impossibles et rougeoyantes braises comme celles peut-être du buisson ardent, et d'autres, au contraire, reflètent le bleu profond du fond des mers. Vision hallucinante de l'Eau ignée enseignée dans la crypte intérieure.

 

Au bruissement des pierres répond la douce musique des Lumières, les vitraux entament alors comme un chœur d'amour céleste se répandant en un même souffle du septentrion au midi et de l'orient à l'occident. Chacun à son tour envoie un message muet à d'autres qui répondent du leur, en langage argotique je  présume, créant ainsi une fabuleuse et inaudible harmonie dirigée par un invisible chef d'orchestre. L'émerveillement est à son comble pour ce petit électron qu'est l'homme qui a retrouvé son âme, en bas à l'intérieur de la crypte comme en lui-même.

 

La cathédrale alors devient légère, vivante, énergie pure inscrite dans l'univers, dans une étourdissante symphonie invisible. L'ensemble des correspondances confère à l'édifice l'idée d'un vaisseau dégagé de sa pesanteur qui flotte dans l'éther, l'image d'une Arche d'alliance réactivée qui accomplit son œuvre l'espace d'un Temps éternel.

 

A ce moment j'ai eu l'impression enivrante d'être au centre d'un atome avec toutes ses composantes gravitant en harmonie, avec tous mes sens. Le plus curieux est que je crois savoir aujourd'hui que, ce soir là, je n'en fus même pas étonné.

 

Le second voyage revient à méditer devant les vitraux dont l'alternance immuable des couleurs reliées entre elles par le nécessaire plomb, transmet un sens héraldique autant que l'histoire de l'ancien et du nouveau Testament ponctuée de la vie des saints ou de ceux qui ont œuvré. Du vitrail de Noé au nord qui renvoie au sud au vitrail de l'Apocalypse de Jean en passant par l'incroyable bleu de Notre Dame de la belle verrière, le message de l'Eau Ignée consistant à renaître de l'Esprit est partout présent. Mais là, tout bon guide ou ouvrage permettra à celui qui veut approfondir savamment d'intérioriser la part de savoir nécessaire. Pour l'heure, il ne s'agit que du témoignage d'un vécu en chemin..

 

 

TROISIEME VOYAGE

 

 

Revenu sur la Pierre du seuil après avoir effectué cette deuxième grande spirale garnie de vitraux, voilà pour le pèlerin l'heure de sa vérité. En effet, devant lui s'offre l'entrée du Labyrinthe...

 

Osera-t-il y entrer...? Sa mise en mouvement antérieure l'y pressent: il est précédé de tant d'autres et dans tant de cathédrales et de légendes, depuis la nuit des Temps, qu'il ne peut plus s'y refuser. Il est d'ailleurs déjà dans une autre dimension et la cathédrale atome mise en mouvement par sa pérégrination lui a servi de fil d'Ariane pour entrer dans son propre labyrinthe, vers son centre même. Au centre du cercle se trouvaient jadis le combat de Thésée et du Minotaure. Or c'est bien un fil d'Ariane que la cathédrale pousse à suivre sur le labyrinthe. Le voilà en route explorant des circonvolutions groupées en quatre parties vers les quatre coins de la Terre, un pèlerin quaternaire épelant péniblement les quatre lettres de Yave, en suivant des courbes, des tournants brusques de façon à former un trajet bizarre, inextricable. Tel est le troisième voyage accompli sous la voûte.

 

Ariane serait une forme d'Airagne (araignée) par métathèse de l'i. Cela veut dire aussi orient. Le verbe grec correspondant signifierait prendre, saisir, entraîner, attirer. C'est l'aimant en quelque sorte, la vertu enfermée dans le corps que les sages nomment "magnésie". En provençal, le fer de l'aimant c'est aran ou iran. C'est l'Hiram maçonnique, le divin Bélier, l'architecte du Temple de Salomon. Or le labyrinthe est dit parfois "de Salomon"; une transposition du même mot aurait donné par la suite "sidus, siderus" ou étoile "aimantant", ce qui a donné "le soleil levant". Enfin le labyrinthe de Cnossos en Crète est appelé "Absolum", absolu, ou Pierre philosophale des alchimistes...[7]. Tout se passe comme si le labyrinthe dévorait et digérait la lumière ambiante pour en faire irradier la Lumière Esprit ou le Christ solaire, en transmutant de chair en esprit celui qui le parcourt.

 

C'est donc bien une alchimie intérieure que nous offre la cathédrale en son cœur en relation avec les mouvements des pierres et des lumières, à celui qui vient si longtemps en trois fois de pérégriner. C'est bien le symbolisme du centre du monde, le mouvement immobile même de la transcendance et de l'Amour que l'on connaît en parcourant le labyrinthe.

 

On y prend, je l'avoue, une forme de tournis, à force d'être rejeté sans cesse à l'extérieur chaque fois que l'on se rapproche du centre. On y apprend sans ostentation la relativité du temps, mieux encore on la vit. C'est le temps de la troisième horloge sur un autre plan, celui du gnomon de Saint Sulpice que nul horloger terrestre ne peut de lui-même régler.

 

A celui qui aurait l'idée saugrenue de le parcourir en courant, il se peut qu'il devienne comme le Fou du Tarot. Le symbole signifie à la fois un sens et son contraire. Le symbole vivant, signe d'une empreinte universelle, fait et défait l'esprit faible. Ce n'est donc qu'en se hâtant lentement, à petits pas, en marquant les tournants pieds à l'équerre, à son rythme, que l'on entreprend l'inexorable marche sans jamais retourner sur son chemin.

 

On apprend alors à s'imposer le véritable Silence, à parcourir une distance infinie tout en restant sur place, à prendre le temps du temps, sans jamais s'égarer. On y apprend aussi à mesurer le travail que cela représente de descendre en soi-même, dans son propre enfer. Et au bout, pourtant, l'on sait que le Minotaure doit être vaincu, le dragon intérieur attend celui qui chemine dans son propre esprit, à chaque angle, à chaque détour, et il l'assaille d'images comme pour le faire sortir et interrompre son chemin. On y apprend l'être et le non être, le lâcher prise enfin et le miroir ne reflète plus aucun ennemi...

 

Tout autour, la cathédrale, porteuse dans sa forme de l'idée, veille et encourage le pèlerin par le mélodieux jaillissement coloré de ses colonnes et de ses nervures de pierre qui soutiennent l'incroyable nef autant que le pèlerin dans ses efforts.

 

Parcourir en petit groupe comme nous le faisions ce soir là, révèle à quel point le chemin des uns et des autres, pourtant unis dans le même but, est tantôt rapproché, tantôt éloigné de celui des autres. Parfois même on se retrouve éloigné de tous les autres en même temps, parfois on se retrouve au sein d'un groupe compact, comme dans un menuet bien réglé.

 

Arrivé au centre, un cercle... six pétales..., donnent lieu à douze pas en cercle autour du centre, répondent à la grande Rosace de l'occident, brillant de ses purs émaux sur un écran noir.

 

Ce soir là il était 11 heures. Les trois voyages avaient eu lieu à 8, 9 et 11, ce qui donne 28. 8 + 2 = 10. Un, le iod, et zéro. C'est, dit-on, l'éternité.

 

A la troisième heure étaient parcourus les 7 plans de l'Etre, ce qui fait 21, comme le livre de Nicolas Flamel. Or, 21, c'est 2 + 1 = 3. Le ternaire omniprésent...

 

Alors, après cette dernière bribe de pensée, après les 6 pas rassemblés, c'est l'ultime pas au centre du centre, face à l'orient. Au centre du cercle, à chacun de découvrir, à chacun de choisir la façon de sortir... Pour ma part, j'ai imaginé ressentir comme un souffle immobile, une vie permanente et présente dont j'étais devenu partie intégrante sans peine, ni fatigue.

 

Dans cet ultime pas se trouve d'un coup le Mutus Liber résumé en "Un le tout"

 

 

EPILOGUE

 

 

Puis, comme par enchantement, les vitraux se sont éteints. L'arche de Lumière avait œuvré et le pèlerin était devenu immobile et l'ensemble du vaisseau s'est transmuté en un indescriptible silence bleuté, couleur de la Virgo Maria "qui est esprit', ou tout cependant reste visible quoique dans l'obscurité. La sensation alors est que l'on peut être à la fois dans ce monde et hors du monde et que le Sacré s'éloigne dès lors qu'on l'approche. Telle est la dure loi de la Lumière.

 

Le pèlerin n'a plus qu'à revenir pour d'autres voyages pour mieux encore gravir les degrés de l'échelle, s'initier à répandre les vérités qu'il a acquises, à les méditer, à refaire en lui-même le trajet qui vient de lui être enseigné. Car il sait maintenant qu'il ne peut progresser sans se mettre en chemin, sans pérégriner. Il sait qu'il ne sait rien.

 

Mais il a su enfin Oser Pouvoir Savoir se Taire. Il est initié à aller vers la Lumière, il ne lui reste plus qu'à recommencer inlassablement jusqu'au jour où, peut-être, souffrant et persévérant, il deviendra lui-même Lumière.

 

 

                                                                              René POLIN ............juin 1997

 

 

On trouvera avec profit et à titre d'exemple, les clefs de certaines images plus développées dans quelques ouvrages. Chacun peut y trouver les éléments pour forger son propre chemin.

 

L'art religieux du XIIIè siècle, Emile Malle.

L'Evangile Esotérique de Saint Jean, Paul le Cour.

Le Mystère des Cathédrales, Fulcanelli, Ed. Pauvert.

Le Nouvel homme, Louis Claude de Saint Martin.

Le Sacré et le Profane, Mircéa Eliade.

Les Tracés de Lumière, Jean Tourniac, Dervy Livres.

Le Sacré. J.-J. Wunenburger, Que Sais-je?

 

sans oublier Sœur Anne-Marie, guide éclairée de la Cathédrale

et tant d'autres...

 


[1]Emile Malle, préface p. 2