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L'idée exprimée sans équivoque au portail de droite est celle de la Sagesse, tant dans les statues que dans l'ensemble linteau-tympan qui illustre la sagesse de Salomon et celle de Job.

 

LE LINTEAU

Le Jugement de Salomon occupe le linteau. Qui ne connaît l'histoire rappor­tée par la Bible au chapitre 3 du Premier Livre des Rois? Deux femmes ont mis au monde un enfant. Seul l'un des deux est vivant et les deux mères le revendi­quent. Pour faire éclater la vérité, Salomon ordonne de couper en deux l'enfant vivant et d'en donner la moitié à chaque femme. Déjà, à l'extrême gauche du lin­teau, derrière le trône du roi, l'exécuteur, un Noir, sans doute un Ethiopien au phy­sique bien typé - pourquoi avoir choisi un Noir pour cette sale besogne? - dégaine son glaive pendant qu'un serviteur âgé se saisit de l'enfant, obéissant au roi qui tend un index impératif. Mais la véritable mère esquisse un geste de supplication en demandant qu'on le donne plutôt à l'autre femme mais qu'on le laisse en vie. Son attitude contraste avec celle de cette autre femme, faite d'arrogance et de défi. Les hauts personnages du palais, jeunes et vieux, se tournent les uns vers les autres et commentent la sagesse de leur roi.

 

LE TYMPAN

La sérénité de Job dans l'adversité est le thème du tympan. Le malheureux est étendu sur son fumier, où l'on distingue des vers, ou des larves, qui grouillent, et même un escargot. Il racle ses plaies à l'aide d'un tesson de poterie, comme le précise le texte, sous les regards de sa femme et de ses amis, qui ne lui prodi­guent guère d'encouragements. Un immense diable, à la vérité plus grotesque encore qu'effrayant, lui gratte en même temps la plante des pieds et le sommet du crâne, manière d'exprimer les douleurs physiques et morales. Job est un person­nage imaginaire, comme on le sait, qui est au centre d'un poème à but édifiant, en forme de dialogue.

Job est indifférent à la fausse sollicitude de sa femme et de l'ami penché sur lui; à côté, d'autres amis bavardent entre eux. Sa sagesse est de mettre sa confiance en Dieu; Dieu que le sculpteur a montré sous les traits du Christ, sortant du ciel au sommet du tympan, et accompagné de deux anges adorateurs.

Ce sujet, assez inhabituel dans les sculptures des cathédrales, a fait supposer que l'ordonnateur du programme devait être Pierre de Roissy, chancelier du cha­pitre de Chartres, qui venait d'écrire une étude sur le Livre de Job. Il convient de signaler que, vers le même temps, Job sur son fumier a été représenté à Notre­Dame de Paris dans l'un des quatre petits bas-reliefs encastrés dans les flancs des contreforts de la façade, au niveau des portails, et aussi dans un des registres du tympan du portail Saint-Calixte, à la façade nord de Reims

 

© Jean VILLETTE -  LES PORTAILS de LA  CATHEDRALE de CHARTRES - Editions Jean-Michel GARNIER 1994

mise à jour sur site  Bernard GASTE 22 avril 2006